King Kasaï / Christophe Boltanski

King Kasaï est le nom d’un éléphant empaillé qui fut longtemps le symbole du Musée royal de l’Afrique centrale, situé près de Bruxelles. C’est devant le « roi du Kasaï » et près d’un Léopold II à la gloire déboulonnée, dans cette ancienne vitrine du projet colonial belge aujourd’hui rebaptisée Africa Museum, que Christophe Boltanski passe sa nuit au musée.


En partant sur les traces du chasseur qui participa à la vaste expédition zoologique et abattit l’éléphant en 1956, l’auteur s’aventure au cœur de la mémoire coloniale.

2023 – Stock (Ma nuit au musée)

L’avis de Claire L.

J’ai dévoré ce court livre (c’est le format de ces textes étonnants issus de la plongée nocturne d’un écrivain dans un musée). Court mais riche d’informations, de sensations, d’analyses et même d’humour. Par fragments, le passé colonial est évoqué, y compris à travers le fameux « Tintin au Congo ». Par petites touches, on prend conscience de la soif de pouvoir du roi Léopold, mais aussi de petits nobliaux ou autres personnes avides partis faire fortune et exercer un pouvoir parfois sans limite. L’auteur suit comme 2 fils rouges : sa découverte du lieu avec sa nouvelle muséographie et puis l’histoire incroyable d’une famille noble dont un ancêtre était parti dès les débuts de la colonisation et un des descendants a tué le fameux éléphant ‘King Kasaï ».
C’est intelligent, bien écrit et étonnamment varié. Un voyage dans les ténèbres de l’Histoire en très bonne compagnie…

L’avis de Béatrice M.

Nous voilà en Belgique à Tervuren. L’auteur n’a pas choisi ce musée au hasard. Il l’avait déjà visité avant les travaux engagés de 2013 à 2018. Et il avait effectué un reportage en 2010 au cœur même du Congo sur les mineurs de métaux précieux, véritables damnés de la terre.
Du Musée du Congo Belge (1910), ensuite Musée royal du Congo belge (1952), puis Musée Royal de l’Afrique Centrale (1960) et depuis 2018 Africa Museum qui se veut officiellement « décolonisé ». Musée « des horreurs du colonialisme en Afrique et de l’encombrant Léopold II ».  D’ailleurs, ses statues ont été déboulonnées depuis.
Le rapport de l’Occident à l’Afrique : ce continent occupe les soubassements de notre mémoire et révèle nos pires ténèbres.
« King Kasaï » est un éléphant, tué en 1958, naturalisé et maintes fois restauré qui est le symbole de cette impossible évocation d’un passé à la fois source de fierté et de honte mêlées. Aussi, Christophe Boltanski s’est intéressé au chasseur meurtrier et à toute la lignée de sa famille. C’est son angle d’attaque pour nous raconter ces moments sombres du Congo et du colonialisme.
« Bravo, quel conteur magnifique Christophe Boltanski ! ».
À lire si vous le souhaitez : « Ténèbre » de Paul Kawczak et la bande -dessinée « Congo 1905 » de Thil Tristan (scénariste) et Bailly Vincent (Illustrateur).


À retrouver (entre autre) à la Médiathèque de Bruz

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